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Doel, le petit village qui ne veut pas disparaitre
Le petit village de Doel doit être démoli pour faire place à l'extension du port d'Anvers. Sera-t-il détruit ou pas? Cette saga qui dure près de cinquante ans est le résultat d'une politique de compromis boîteux, de pots-de-vins,...

Ce sont “les grands travaux inutiles” de Jean-Claude Defossé au carré (on voit grand en Flandre). Cinquante ans plus tard, la situation est encore plus pourrie qu'on pourrait l'imaginer, et les flamands ne peuvent même pas dire que c'est la faute des wallons!

De nombreux villages ont disparu dans la région d'Anvers, englobés par le port d'Anvers. Quand le Deurgankgdok a été construit (à la suite de nombreux compromis boiteux), on s'est rendu compte que le village de Doel dans sa version actuelle n'avait plus aucun avenir. Le village était devenu inhabitable, avec la centrale nucléaire au nord, l'Escaut à l'est et une énorme digue en béton au sud. Ce qui était une promenade d'agrément à vélo (aller au village voisin de Kallo via la digue de l'Escaut) était devenu une entreprise dangereuse. Il fallait utiliser la grand-route qui était empruntée par de nombreux poids lourds. Le petit chemin pittoresque est bloqué par des barbelés: tout le terrain est devenu la propriété du port d'Anvers et ils n'aiment pas les touristes.


Trop petit pour les navires internationnaux: le port de Doel

Doel devient petit à petit un village fantôme, qui n'est plus visité que par des touristes le week end et par des politiciens écolo quand il y a des caméras dans le coin. Mais pour aller chercher un pain ou acheter un journal, il faut faire plus de 10km.

Le Saeftinghedok doit être construit à la place du village de Doel. Pourquoi en fait? parce qu'à cause de compromis boiteux, le Deurganckdok a été construit bien trop étroit! Les bateaux ne peuvent pas tourner dans le dock et il faut les tirer du port avec un remorqueur, ce qui prend évidemment pas mal de temps, et coûte donc une fortune à chaque navire.

Dans les années 60, les Golden Sixties et le développement industriel à outrance, tout le monde était à peu près sûr que le village allait disparaitre. On ne délivrait plus de permis de bâtir. L'école qui ne comptait qu'une dixaine d'écoliers a dû fermer ses portes.

Le Doeldok (qui a précédé le Deurganckdok) a été construit selon le point de vue des années 1960, et quand il a été terminé, il était totalement dépassé. Le dock a été construit pour les pétroliers, donc avec des quais en oblique et des pipelines pour décharger les marchandises liquides, mais quand il était prêt, la pétrochimie avait perdu tout intérêt. Ce dock n'a jamais été inauguré et on est en train de le démolir en partie. Les navires doivent passer par une écluse (perte de temps), tandis que le Deurganckdok et le Saeftinghedok ont (ou aurait du avoir) un accès direct à l'Escaut.

Et puis les politiciens écolo sont venus au pouvoir (une des suites les plus néfastes de la crise de la dioxine). Les permis de batir ont à nouveau été accordés (les grandes villas construites sur la route principale l'ont été grâce au politiciens écolos et libéraux, au pouvoir à l'époque).

L'église et l'école ont été restaurés, les routes ont été remises à neuf. L'argent coule à flot, et le fonds de viellissement (qui doit être accru pendant les années de vaches grasses) attendra un peu. On ne gagne pas les élections en prévoyant les années de vaches maigres (bien présentes à partir de 2008).

Cette folie a duré le temps d'une législation, et puis les verts se sont retrouvés dans l'opposition et toutes les promesses ont été oubliées. Mais il a fallu payer (rubis sur l'ongle) toutes les nouvelles villas qui ont été construites et dont les propriétaires ont été expropriés. C'est ainsi que pratiquement toutes les grandes villas le long de la route d'accès n'ont jamais été habitées. Par contre, les proproétaires ont fait fortune grâce au dédommagement...


Une villa de luxe avec du marbre et des miroirs partout.
Payée par le contribuable.

Mais entretemps le village de Doel était devenu un hype. Plusieurs livres et une bande dessinée consacrée à Doel ont été publiés.

L'école a été totalement restaurée, mais n'a plus jamais servi depuis la restauration (la seule chose qui mandue à l'école, c'est un panneau "zone 30"). Les habitants désertent l'un après l'autre car le village dans sa situation actuelle est invivable: le village est situé en plein zoning industriel et il n'y a plus aucun magasin dans 10km à la ronde.

Mais s'il n'y a pratiquement plus d'habitants au village, celui-ci renait de ses débris chaque week-end, pour peu qu'il y ait du soleil. Tous les photographes s'y donnent rendez-vous pour photographier les maisons avec des tags et la végétation qui reprend le dessus. Cela ressemble à Chernobyl, mais c'est moins radioactif (la centrale de Doel toute proche est bien entretenue et ne fuit pas). On y parle toutes les langues et on y mange très bien (une des caractéristiques principales des attractions touristiques en Belgique). C'est étonnant que la commune de Beveren n'a pas encore placé de parcmètres.

Mais les rares habitants ne savent toujours pas s'ils peuvent rester ou pas.

Tout le terrain est devenu la propriété du port d'Anvers. Mais le Saeftinghedok ne sera jamais construit, et ce pour plusieurs raisons: le déclin économique est là et le besoin d'un aggrandissement du port d'Anvers ne se fait plus sentir. Il vaudrait mieux utiliser de façon plus optimale les installations existantes.

De plus, le dock serait situé trop près de la centrale nucléaire de Doel. Une explosion dans un navire lors du transbordement des marchandises pourrait endommager la centrale. La construction du dock bloquerait la seconde voie d'accès à la centrale, or celle-ci doit avoir au moins deux voies d'accès.

De plus la construction du dock nécessiterait de rendre à la mer une partie des Polders. L'Europe ne permet pas la construction de nouvelles industries sans rendre à la nature une surface équivalente de terrains. De plus, il faudrait augmenter le gabarit de l'Escaut, or celui-ci serpente aux Pays Bas, et ceux-ci sont réticents d'aider le port d'Anvers (au détriment de le port nationnal de Rotterdam). La situation est donc complètement bouchée en ce qui concerne la construction du Saeftinghedok.

Et ce n'est pas que le Saeftinghedok. Le ring d'Anvers est totalement bouché en semaine, et tout le monde s'accorde pour dire qu'il faut résoudre ce problème. Les gros camions et les navetteurs sont bloqués pendant une heure chaque jour. Les industriels hésitent à investir dans le port d'Anvers à cause de la situation désastreuse des transports dans la région. Cela fait plus de 10 ans qu'il faut résoudre ce problème qui devient de plus en plus aigu (en semaine on circule plus aisément sur le ring de Bruxelles que sur celui d'Anvers).

Une des solutions est la ferméture de la boucle. Les politiciens ont discuté pendant des années du tracé, et maintenant qu'ils ont (plus ou moins) décidé, il y a eu une consultation populaire qui a rejeté en bloc le trajet (évidemment, le trajet passe en partie par la ville et ce sont uniquement les habitants qui ont participé au référendum).

Un farfelu a lancé l'idée de recouvrir en sa totalité le ring d'Anvers. C'est non seulement une opération fort coûteuse (la seule ville qui a tenté l'expérience à stoppé à la moitié du parcours, et les dettes de la ville s'accumulent). De plus, cela nécessiterait à nouveau une refonte du trajet, car il n'est pas possible de recouvrir certains échangeurs.

Mais revenons-en à Doel. Le village est utilisé pour des rencontres entre modèles et photographes et des clubs de photographie s'y donnent régulièrement rendez-vous. Il y a plus de monde à Doel qu'au Zoo d'Anvers et l'accès est (pour le moment) gratuit. Il n'y a pas de file comme sur l'autoroute vers la mer et on peut faire baignette dans l'eau de l'Escaut (attention, c'est de la boue saumâtre).


Une tombe sans fleurs.
De nombreuses tombes sont fleuries et l'herbe est régulièrement tondue

Mais ce n'est pas parce que le Saeftinghedok ne sera probablement pas construit, que le village est sauvé à terme. Le propriétaire actuel du terrain (le port d'Anvers) veut rentabiliser son investissement et compte y bâtit un parc industriel énorme pour le stockage des conteneurs. Régulièrement, il abat l'une ou l'autre maison, pour bien montrer qui est le patron. Or le port d'Anvers situé à l'intérieur des terres doit faire face à la concurrence d'autres ports comme Zeebruges: le port est situé à la mer du Nord et est d'un accès bien plus aisé et rapide.

Mise à jour en 2018:
C'est pratiquement terminé pour des shootings: on a placé des pieux automatiques qui empèchent l'entrée des visiteurs: seul les résidents qui peuvent s'identifier avec leur carte d'identité peuvent entrer sur le terrain, qui appartient maintenant à des promoteurs. Le placement de ces pieux a été réalisé car le village était devenu un endroit surtout visité par les dealers en provenance des Pays Bas tout proches. Le passage de la drogue se faisait à l'abri dans les maisons inhabitées.

Mise à jour en 2021:
Le controle de la carte d'identité est toujours d'application à l'entrée du village. On ne parle plus de détruire le village, puisque le dock ne sera finalement pas construit. Le village a perdu tout son charme, il y a énormément de touristes qui y font des photos de communion. Le village a perdu tout son caractère rebelle. Le bourgemestre de Beveren demande aux touristes de ne plus se rendre dans le village.


Nous ne sommes pas les seuls à réaliser un shooting


De la lumière idéale dans les maisons, dont le toit a perdu quelques tuiles.

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