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"La Belgique vue par les nazis" est un livre qui montre l'importance de l'image dans la perception des évènements.

Pendant la seconde guerre mondiale, l'influence de l'image était primordiale. C'est la Russie communiste qui utilise la première la force de l'image pour faire passer son message, mais le régime nazi s'y met également. Un exemple sont les jeux olympiques de 1936 à Berlin où la télévision débutante est utilisée pour la première fois.

Après l'invasion de la Belgique, il faut faire croire a monde que la vie continue en Belgique, qu'il n'y a aucune différence entre la Belgique et un état neutre comme la Suisse (mais sans ses montagnes). Otto Kropf, un photographe militaire qui travaille pour le département de la propagande est envoyé en Belgique. Il y restera jusqu'à la libération du pays (là il n'a plus pris de photos).

Le photographe disposait d'émulsions monochromes et de diapositives couleurs pour les évènements les plus marquants. Les évènements marquants, ce sont surtout les filles en petite tenue, me semble-t-il. On voit le photographe avec une des filles sur la première photo.

Le but recherché est de montrer que les soldats allemands sont des gens ordinaires. Cette publicité était bien nécessaire, car pendant la première guerre mondiale les allemands se sont comportés comme de vrais sauvages. C'était la même chose pendant la seconde guerre, mais en moins visible.

Le travail de Otto Kropf peut être séparé en plusieurs périodes. Il doit d'abord montrer la défaite des troupes belges et anglaises. On se rend tout de suite compte qu'il s'agit d'un photographe expérimenté, qui sélectionne ses sujets et met la scène en valeur. Nous avons deux photos prises à la côte belge, à la Panne où les derniers soldats se sont réfugiés. Un soldat allemand patrouille dans les rues désolées du village.

La photo en couleur de la voiture détruite a probablement été mise en scène pour un effet plus frappant.

On voit également des soldats devant le magasin "Moeder Lambic", déjà une référence à l'époque. Au lieu de photographier le lion de Waterloo, on photographie un magasin emblématique.

Mais une première image fait déjà apparaitre le leitmotif du photographe: la vie reprend comme avant l'invasion. Une photo est prise à Ostende en été 1940 et déjà nous avons les filles légèrement vêtues.

Les alemands sont interessés par l'architecture. Non pas celle des quartiers populaires, mais des batiments imposants genre palais de justice de Bruxelles. Brabo à Anvers est également photographié de façon particulière à mettre les batiments à l'arrière-plan en valeur. Puis nous avons le boulevard de la Sauvenière avec de drapeau allemand à l'avant plan, le Borinage et Beringen pour montrer que le travail a repris.

Le photographe montre la vie de tous les jours, des militaires allemands qui dégustent une crème glacée, la vie qui continue avec des spectacles de cabaret. Les étals remplis de fruits doivent montrer qu'il y a suffisamment à manger, tandis que des militaires marchent à l'arrière plan. Mais les fruits étaient impayables par le belge moyen.

Et puis on passe à différents reportages sur le temps libre et les congés. Il est vrai que les étals deviennent de plus en plus vide et les usines sont fermées.On voit de nombreuses photos avec pas mal de filles en petite tenue.

Le photographe montre les soldats allemands qui aident à la reconstruction du pays. Il quitte le pays vers 1943.

Les photos ont été utilisées dans des magazine allemands. La Belgique est une sorte de Theresienstadt: un petit pays qui doit montrer comment la vie se déroule sous l'occupation. La Belgique était une vitrine pour le monde extérieur, mais la population vivait dans la famine: mes parents m'ont dit qu'on mélangeait de la sciure à la farine pour arriver au poids requis (chaque belge avait droit à autant de farine par semaine).

Les juifs étaient déportés vers les camps d'extermination. Le photographe a également effectué un reportage à Breendonk, mais ici pas la peine de faire une mise en scène, au contraire: il faut montrer que les juifs sont des sous-hommes.

C'est un livre qui est très interessant. Il montre qu'on peut faire dire n'importe quoi aux photos avec une simple mise en scène. Les photos de doivent même pas être retouchées. Ce n'est pas seulement un reportage historique, les photos montrent comment on peut créer une vérité parallèle.


Les images en couleurs était réalisées avec le procédé Agfacolor Neu lancé en 1936. Ce procédé est à la base de pratiquement tous les procédés couleur utilisés par après (sauf le Technicolor au cinéma et le Kodachrome en diapositive). Il s'agit d'un système chromogène où les couleurs apparaissent au développement (voir historique des systèmes couleurs). En comparaison des systèmes Technicolor et Kodachrome, les couleurs ne sont pas aussi stables.

Il s'agit d'un film intégral contenant les trois couches sensible dans un seul film, ce qui permet l'utilisation d'un appareil photo classique. Les films couleurs exposés devaient être développés en Allemagne: s'ils étaient développés avec les produits pour un développement monochrome, ils produisaient une image valable, mais monochrome (avec perte de l'information couleur qui ne pouvait plus être récupérée).

La qualité des images scannées sur ce site est assez mauvaise à cause du tramage lors de l'impression (la trame est pratiquement impossible à éliminer lors de la numérisation). Par contre la qualité des images de plus de 60 ans est exceptionelle.

La Belgique vue par les nazis
Marc Welsch

België door de ogen van de nazi's
De bezetting gezien door de Propaganda-Abteilung

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