Photographie » Technique » Historique » Film (pellicule)

Je suis encore un des photographes qui ont commencé en argentique (pour les n00b: la préhistoire du digital).

Un des grands avantages de la pellicule (et surtout du film négatif) est sa grande latitude de pose: il est possible de sur-exposer ou de sous exposer de deux stops et d'avoir une bonne image lors de la réalisation des photos (sans avoir à modifer le développement du film). Toutes les intensités lumineuses sont présentes dans le négatif, et en augmentant ou en réduisant le temps de pose lors du tirage on pouvait favoriser les parties sous- ou sur-exposées. Les appareils jetables n'avaient qu'un seul bouton: "soleil" ou "ombre" et la centrale de développement corrigait automatiquement l'exposition lors du tirage des photos.

Le film a une réponse logaritmique à la lumière (tandis qu'un capteur a une réponse linéaire). Cela est dû au fait que la sensibilité de l'émulsion photographique diminue durant l'exposition. Un photon a de moins en moins de chance de frapper une molécule non activée au fur et à mesure que le film est exposé. Dans le cas d'un capteur, chaque photon produit la libération d'un électron (qui est directement remplacé, car les électrons, au contraire des molécules sont mobiles). Mais quand la limite est atteinte (full well capacity), il s'agit d'une saturation brusque: c'est tout blanc.

Après les appareil photo numériques indépendants, on a également vu l'apparition de camescopes avec fonction photo. La résolution des images vidéo était limitée (640 × 480 pixels), quand on prenait une photo numérique on demandait le maximum du capteur. Le résultat était mauvais, et c'est ce qui a également contribué à la mauvaise réputation des appareils photo numériques. Voir photo à droite, photo prise en janvier 2001 (regardez l'agrandissement). La mauvaise qualité de l'image est tout aussi bien causée par l'optique plutôt moyenne (adaptée à la norme vidéo) qu'à la résolution limitée du capteur. La puissance du processeur était également limitée, les images étaient mal comprimées.

La chimie argentique a encore beaucoup à apprendre aux “photographes” qui ne connaissent que le monde numérique! Nombre de termes sont repris du monde argentique, par exemple 'dodge', 'burn', 'unsharp mask',... (si vous avez l'avantage d'avoir une version anglaise de Photoshop).

Utilisation actuelle de films sensibles

Les hôpitaux étaient grands consommateurs de film sensible: chaque radiographie se faisait presque toujours en grandeur nature. Maintenant on travaille presque uniquement en imagerie numérique qui permet une image en temps réel. Grâce au traitement par ordinateur une tomographie est possible (découpe du sujet en tranches virtuelles).

Les plaques sensibles n'ont pas encore totalement disparu: elles sont encore utilisées dans les cabinets de dentisterie où le relatif faible coût d'un appareil de rayons-X est l'argument déterminant. Le développement est en négatif (plus simple): les dents, les os et surtout les plombages laissent des traces claires.

On utilise encore la photographie chimique dans le développement instantané.

Question d'un visiteur

J'ai retrouvé de vieilles pellicules kodak au format 126 (28x28) Instamatic.

Connaissez vous un artisan qui puisse me développer et sauvegarder ces photos au format numérique jpeg ou autre ?

Merci pour votre aide.

Bonne journée

Bonjour,
Si les pellicules ont déjà été exposées mais mais développées, il y a peu de chance qu'un développement puisse faire apparaitre les images.
Une image latente ne se garde que quelques mois à température ambiante (au plus un an). Cela est surtout valable pour les films couleur.
C'est d'ailleurs indiqué sur le film: à développer le plus rapidement possible après exposition.

L'exposition provoque une modification microscopique de la structure des cristaux de bromure d'argent, et cette modification n'est pas stable. La modification doit être amplifiée ("développée") et puis fixée (en éliminant les produits réactifs) pour la stabiliser dans le temps.

Une centrale de développement ne peut plus traiter ces films car les perforations diffèrent: les centrales de développement traitent les films à la chaine, un film étant scotché au suivant et le tout est entrainé d'un bain à l'autre via des roues dentées adaptées aux perforations du film.

Tous les artisans qui ont encore un labo devraient être en mesure de développer ces films: en effet le procédé chimique utilisé est le même pour tous les formats de films. La dimension de la pellicule est la même que pour le format classique 135. Le photographe traite chaque film séparément. Dans le noir absolu il place le film dans une bobine spéciale où l'emplacement des perforations n'a que peu d'importance. La bobine (qui est la même pour le format 135 et 126) permet de maintenir une distance suffisante entre chaque spire.

Pour la numérisation, il faut tenir compte du fait que les négatifs sont carrés et plus grands que les négatifs classiques (28 × 28 mm au lieu de 24 × 36 mm): un scanner spécifique pour moyen format est nécessaire, bien que certains scanners de type “flat bed” avec accessoires pour film s'en tirent assez bien.

Pellicule
"les années argentiques"

On lit de drôles d'histoires quand on s'interesse à l'histoire de la photographie. Quel rapport avec la bombe atomique me demandez-vous?


Un petit indice: les films sensibles sont toujours utilisés dans l'industrie du nucléaire...

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