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Je tombe sur de bien étrages histoires, quand je fais des recherches sur l'histoire de la photographie!

La pellicule photographique n'est pas uniquement sensible à la lumière, mais à toutes sortes de radiations. Les dosimètres étaient composés de languettes de film dans un boitier en plastique noir (maintenant on utilise des détecteurs électroniques qui non seulement peuvent cumuler la dose reçue comme les films, mais en plus peuvent fournir une valeur ponctuelle).

A partir de 1946, les clients de Kodak ont commencé à se plaindre que les films vierges qu'ils venaient d'acheter étaient voilés. Il s'agissait de certains lots particuliers de films sensibles aux rayons X pour l'imagerie médicale. Kodak a analysé le phénomène et s'est rendu compte que le carton d'emballage était radioactif, bien plus que le niveau naturel. Cet effet était surtout valable dans l'état de l'Indiana. La radioactivité était causée par un taux élevé d'iode radioactif.

A cette époque, Kodak avait son propre laboratoire de recherche nucléaire (Kokak fabriquait également des films sensibles à différentes radiations) et était donc au courant de la physique nucléaire. La pulpe utilisée pour le carton d'emballage avait été contaminée par les retombées radioactives du premier test atomique, celui du projet Manhattan (test Trinity) à Alamogordo au Nouveau Mexique le 16 juillet 1945. L'année suivante, la contamination s'est retrouvée dans la nature, à plus de 1000km du site de l'explosion. En fait, c'est la pluie dans cette région qui a précipité les poussières radioactives au sol.

Tout juste après l'explosion, les militaires américains ont démenti qu'il s'agissait d'une explosion nucléaire, parlant de l'explosion d'un dépot de munition (il fallait à l'époque que le test ne soit pas éventé avant l'explosion des bombes atomiques sur le Japon). Mais Kodak avait la puce à l'oreille. Un tel taux de radio-activité n'était pas normal.

Mais cela ne s'est pas arrêté là, et c'est ici que l'histoire devient surréaliste... Les Etats-Unis ont souvent utilisé la population locale pour effectuer des recherches (sans que la population ne soit au courant, faites par exemple une recherche "Tuskegee syphilis experiment" ou "Projet MKUltra"). Les recherches nucléaires ont continué, avec des explosions dans différents états, surtout au Nouveau Mexique peu peuplé (avant que les américains ne se rabattent sur des îles dans l'océan pacifique). Mais la contamination se retrouvait un peu partout aux Etats Unis, en fait là où la neige et la pluie a précipité les poussières radioactives.

Après chaque explosion, Kodak a détecté un pic dans le niveau de radiation dépassant 25× le niveau moyen et cela à plusieurs milliers de km du site de l'explosion. Kodak a contacté les autorités compétentes (la commission de l'énergie atomique). La commission a fourni un rapport indiquant qu'il n'y avait aucun risque et bla-bla-bla et a expulsé Kodak de la commission.

Mais qu'à fait Kodak? Nous sommes aux USA, donc la firme a indiqué qu'elle porterait plainte contre la commission. Et c'est ainsi que Kodak (et toutes les grandes entreprises du secteur) ont été mises au courant des explosions nucléaires à venir pour qu'elles puissent prendre les mesures nécessaires pour éviter les produits contaminés.

Et le public dans tout cela? Les autorités militaires informent les grandes entreprises qu'une explosion se produira, mais n'en informe personne d'autre... Alors que la contamination atteint aussi bien les feuilles de maïs (qui servira à faire le carton) que le maïs lui-même, l'herbe qui est broutée par les vaches, le lait qui est bu par les enfants... On a estimé par après que la contamination a provoqué environ 75.000 cas de cancers... On aurait pû éviter ces cancers en distribuant des pastilles d'iode juste après chaque essai. Mais les retombées économiques pour les entreprises sont plus importantes que les retombées radioactives pour les habitants.

Heureusement qu'on est passé au numérique!

Sources:

Que nous reste-il de tout cela? Les capteurs de radiation sous forme de films sensibles. Les films sensibles sont montés dans une pochette qui ne laisse pas passer la lumière (mais bien le rayonnement nocif). Il s'agit d'un système qui mesure la dose cumulée pendant un temps donné. Le badge se compose de zones plus ou moins sensibles pôur déterminer exactement la dose cumulée.

Les personnes travaillant dans un site nucléaire doivent porter un tel badge en permanence sur leur poitrine. Les ouvriers qui font de la manutention doivent également porter un bracelet ou une bague. Le badge est envoyé au bout d'une semaine ou d'un mois à un laboratoire spécialisé.

Ce système est maintenant complété par des détecteurs instantanés (électroniques), mais le dosimètre sous forme de film reste toujours la référence légale pour déterminer le rayonnement reçu par une personne.

Bombe atomique

C'est la bombe atomique au plutonium qui a bénéficié d'un essai préliminaire dans le désert du Nouveau Nexique. La fabrication d'une bombe au plutonium (“Fat Boy”) est plus complexe que celle d'une bombe à l'uranium, mais il est plus facile de fabriquer du plutonium.

C'est ainsi qu'il n'y a eu qu'une seule explosion de test avant le lacher des bombes sur Hiroshima et Nagasaki: une bombe à l'uranium (les chercheurs n'avaient pas assez d'uranium pour en fabriquer une seconde) et puis une bombe au plutonium qui a été testée préalablement.

Le public n'était en fait pas bien au courant des risques du nucléaire. On a vendu des cruches contenant une pastille de radium pour rendre l'eau radioactive (puisque l'eau de source qui est bonne pour la santé est radioactive, c'est que la radioactivité est bonne...).

Etrange que cette publicité ait disparu en septembre 1945...

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