Avec l'arrivée des écrans larges au cinéma, il faut un son en conséquence, et non plus un son monophonique. On a fait des expériences avec la stéréophonie classique, mais elle ne satisfait pas.
Cet article est la suite de l'article consacré au son au cinéma.
Dans les années 1960, on a donc la stéréo, qui a vraiment démarré avec le Cinémascope (1953): une image large enregistrée sur de la pellicule normale grâce à une optique spéciale. L'écran large nécessite un son "large" (enregistré sur 4 pistes magnétiques: la raison du canal de centre est expliquée plus loin). Les 4 pistes magnétiques sont situées des deux cotés des perforations (qui ont été réduires en largeur). La piste "ambiance" (qui est la plus étroire) profite du fait que la bande passante des effets sonores est fortement limitée. La piste la plus large (attribuée au centre) est utilisée pour les dialogues et une partie des effets sonores. La bande passante van de 40Hz à 12kHz.
La piste magnétique est plus chère, mais toute la chaine Cinemascope est plus chère, ce qui fait que le supplément de prix est acceptable. De toute façon le cinemascope nécessite un projecteur adapté (les perforations sont plus étroites et il faut ajouter une tête de lecture magnétique). Le projecteur Cinemascope est de fait "multistandard" et peut également projeter les films classiques (non larges et à son optique) mais il sera finalement remplacé par d'autres systèmes.
Mais le Cinemascope s'essoufle à cause du coût des installations. De plus l'utilisation de lentilles spéciales pour enregistrer une image large sur un film normal limite les possibilités de prises de vues et de trucages. Les Majors se rendent compte que ce qui est important, c'est l'histoire, les acteurs, les images et la réalisation, tandis que le coté technique importe peu.
On a également ajouté un canal arrière qui contient un son d'ambiance (effets sonores). Le canal arrière reçoit un petit retard pour que le signal sonore soit d'abord émis par les hauts parleurs avant. On devrait utiliser le terme francophone "ambiophonie" à la place de son surround mais personne le fait.
Mais il faut un système standardisé que toutes les salles de cinéma peuvent utiliser: ce sera le Dolby Surround qui a l'avantage d'enregistrer les canaux supplémentaires sur les pistes stétéo existantes. Le système est ainsi compatible avec les projecteurs à son mono et stéréo.
Mais ce système analogique n'est pas parfait car la séparation des canaux n'est pas optimale. Puis sont venus les systèmes à son numérique où trois systèmes concurrents et non compatibles sont utilisés.
Il est possible de recréer une ambiance stéréophonique par deux procédés:
Dans la stéréophonie d'intensité, les sons sont émis plus fort d'un coté que de l'autre à partir d'une source monophonique. Le son Perspecta Stereo est basé sur ce principe.
La stéréophonie de phase utilise deux signaux indépendants qui sont trasmis à deux systèmes de haut parleurs. Les deux canaux doivent être parfaitement identiques. La prise de son est effectuée par une tête artificielle qui contient deux microphones. La différence d'amplitude entre les deux canaux est minime: un instrument placé à gauche sera capté avec pratiquement la même intensité à gauche et à droite. L'effet stéréo est basé sur la différence de phase et sur le délai d'arrivée des sons. Certaines personnes ne sont pas en mesure de détecter la stéréo de cette manière. Des petites différences dans le délai de propagation entre le canal gauche et droite peuvent totalement détruire l'effet stéréophonique. L'effet se ressent le mieux avec des écouteurs.
Actuellement, on utilise un système combiné, où le placement des sources sonores dans le paysage est déterminé par leur amplitude relative. Chaque instrument est capté par son microphone propre et puis placé plus à gauche ou à droite lors du mixage (bouton PAN sur la table de mixage). L'effet de phase est perdu, mais l'effet stéréo obtenu est plus robuste (il résiste mieux aux différents systèmes de codage). Les microphones placés près des instruments captent moins les bruits du public.
Ici aussi, il faut que nos yeux recoivent une information différente:
Le procédé le plus ancien utilise deux couleurs distinctes et une paire de lunettes à verres colorés (anaglyphes). Les deux couleurs traversent le verre coloré et atteignent l'œil correspondant.
Le système a été utilisé pour des cartes-vues et même certains films. Le projecteur ne doit pas être modifié et l'effet est même possible à la télévision (si on dispose d'un poste couleur, ce qui n'était pas évident dans les années 1970). L'effet dépend de la présence correcte des deux couleurs et l'effet peut brusquement disparaitre si le rapport des couleurs n'est pas suffisamment respecté. L'incohérence de l'image peut provoquer des maux de tête.
Un autre système utilise la polarisation (verticale ou horizontale) et nécessite également des lunettes à verres polarisants. On utilise soit deux projecteurs et deux films distincts (dont l'image doit être parfaitement positionnée), soit un projecteur à double optique qui utilse du film spécial. L'écran doit être métallique pour de pas détruire la polarisation. Le système fonctionne nettement mieux, mais ici aussi il subsiste une incohérence qui peut provoquer des malaises: s'il y a une information de distance par différence d'image, l'écran reste lui toujours à la même place (pas de mise au point des yeux).
Et puis nous avons les visionneuses qui montrent deux images (diapositives) distinctes, le View Master est le système le plus connu.