Le procédé Technicolor I est une variation du Prizma (voir page couleurs au cinéma), avec deux films qui passent dans la caméra et un projecteur qui utilise également deux films. Dans la caméra comme dans le projecteur un prisme est utilisé pour séparer la lumière et pour la recombiner. Le prisme du projecteur est mobile pour permettre de corriger les erreurs de recouvrement. Ce système était mauvais et nécessitait constamment un opérateur pour corriger les erreurs de recouvrement.
On est passé rapidement au Technicolor II qui reprend d'autres éléments du procédé multicolor/Cinecolor. Le film est toujours double, avec un prisme qui sépare la lumière, mais à la fin du traitement les deux films sont accolés. Ce système a les inconvénients du procédé qu'il copie, notament le film qui gondole et qui ne permet pas une mise au point correcte du projecteur. Cet effet est encore plus présent qu'avec les films Multicolor/Cinecolor.
Le procédé Technicolor III élimine ces défauts en utilisant une seule émulsion à la projection. La caméra est toujours la même, la différence se situe lors de la réalisation du film pour la projection.
La technique utilisée est basée sur le procédé couleur Handschiegl où l'argent est éliminé et l'émulsion est durcie avec un développateur spécifique. On retrouve le terme anglais "imbibition" (l'émulsion est imbibée de colorants).
Ce système permet des couleurs éclatantes, très résistantes. La définition est moindre qu'avec les autres système (à cause de la phase d'impression, où les 2 teintes doivent parfaitement se recouvrir), mais permet une image contrastée dans les détails.
Il est possible de tirer des centaines de copies à condition de réimbiber le film avant chaque duplication. Il s'agit d'une duplication physique et non chimique, qui s'apparente plus à l'imprimerie. L'avantage économique (pas de produits de développement couleur) est malgré tout perdu car les machines qui permettent un recouvrement parfait sont chères.
On passe alors au Technicolor IV qui est l'aboutissement du procédé (quand on parle du Technicolor, c'est de ce système qu'on parle). On utilise ici 3 couleurs au lieu des deux couleurs du Technicolor III, donc une caméra encore plus lourde et complexe. L'utilisation d'un prisme rend l'ensemble très peu sensible: 5 ISO! A cette époque les filtres de couleur n'étaient pas encore dichroïque comme dans les caméras vidéo tri-CCD. Comme on ne peut pas augmenter le temps de pose et qu'il y a des limites à la luminosité des optiques, on est donc forcé d'éclairer très fort (même en extérieur).
Les 3 films de sélection sont traités pour éliminer l'émulsion là où l'argent a été développé. Après rincage, le film passe dans un bain de colorant qui est absorbé par l'émulsion. Là où il n'y a plus d'émulsion, le film reste transparant.
Les trois films passent en contact avec une seule émulsion vierge (émulsion contre émulsion) et les colorants passent de la sélection au film vierge.
L'émulsion vierge a déjà reçu une piste sonore optique et un cadre (réalisé par développement argentique monochrome). La piste sonore doit être très nette, ce qui ne peut pas être réalisé par transfert de couleurs.
Pour éviter la diffusion des colorants, on traite l'émulsion vierge par un mordançage (voir en bas de page) avant de l'imbiber. Cet effet de diffusion est plus prononcé quand on utilise trois couleurs au lieu de deux.
Parfois, l'émulsion vierge reçoit également une faible image monochrome (issue du film codant pour le vert) pour augmenter le contraste (skeleton black), comme s'il s'agissait d'une impression en quadrichromie. La procédure pour réaliser le film de projection correspondait plus à un travail d'imprimeur qu'à une opération chimique. L'image monochrome (appellée Key) correspond à la procédure skip bleach parfois utilisée pour le traitement de films couleurs kodacolor pour augmenter le contraste (tout en réduisant la saturation des couleurs).
Mais le système Technicolor IV utilise des caméras beaucoup trop lourdes, trop complexes à utiliser et produisant trop de bruit. On passe aux émulsions couleurs Eastman Kodak (Eastman Color Negative et Eastman Color Positive), mais le traitement final est toujours du Technicolor IV qui permet des couleurs très saturées et une longue durée de vie des films.
La définition du système Technicolor est un peu trop faible pour l'appliquer au format large Cinemascope (où l'image est rendue deux fois plus large) et cela a également favorisé le déclin du Technicolor. Pour obtenir une image sufisament nette sur écran large, il fallait utiliser du film qui défile horizontalement, le format Technirama (une complication de plus...).
Les inconvénients du système:
Pour éviter de devoir passer deux fois à la caisse, vers la fin de la période Technicolor, on a filmé en Eastmancolor (ne nécessitant pas de caméras spéciales), mais le tirage se faisait en Technicolor, qui donnait des couleurs plus éclatantes avec des pigments qui résistaient mieux. Certains laboratoires ont encore réalisés des films de projection en Technicolor jusque dans les années 1990.
La caméra Technicolor IV utilise une émulsion sensible au vert et un bipack sensible au bleu (face vers l'objectif) et rouge (face arrière). Ici aussi les deux émulsions du bipack sont accolées face sensible l'une contre l'autre.
-