Photographie » Technique » Film » Développement » Couleurs » Historique II

Nous décrivons ici le développement des procédés couleurs modernes qui ont été utilisés jusqu'à l'apparition de la photographie numérique. C'est la seconde partie de l'historique.

Les premiers procédés couleur sont décrits ici.

Le développement de la couleur au cinéma suit un chemin propre, avec les systèmes bipack et Technicolor, toujours basés sur les séparations. Pour la photographie, on recherche un film intégral, permettant d'utiliser le même appareil photo pour du film monochrome et couleur.

Les premiers systèmes à film intégral sont basés sur le tripack, déjà utilisé au cinéma sous une forme différente (trois films séparés colorés individuellement). Pour la photographie, les trois couches sont séparées au développement et on obtient 3 séparations qui sont virées individuellement (voir virage) et puis collées ensemble pour obtenir une diapositive couleur. Les images ne sont pas très nettes à cause de la diffusion de la lumière, car on utilise 3 émulsions sensibles sur 3 films collés ensembles. Ce système n'a pas connu de succès commercial.

Déjà en 1912, Rudolf Fischer invente un système intégral utilisant trois couches sensibles sur un seul support, chaque couche ayant des coupleurs (une sorte de colorant très spécifique) qui deviennent visible lors de du développement. Le principe est bon et sera utilisé par la suite, mais les coupleurs ont tendance à migrer d'une couche à l'autre pendant le développement. Ce problème sera résulu via deux voies totalement différentes: Kodachrome et Agfacolor.

Kodachrome (1935)

En 1935 Eastman Kodak lance le premier film couleur qu'on peut vraiment appeler moderne. Il utilise un procédé qui sera perfectionné par la suite, mais qui restera identique dans les grandes lignes. Il s'agit du Kodachrome, et pour rester dans la ligne du système Kodak "You press the button and we do the rest" le film exposé est envoyé aux Laboratoires Kodak pour le traitement.

Pour éviter que les colorants ne migrent d'une couche à l'autre, ils sont incorporés au bain de développement même, et chaque couche sensible est développée individuellement. Le colorant se liant ainsi uniquement à la couche qui était développée à ce moment et le restant de colorant non fixé était lavé à l'étape suivante. Il s'agissait d'un procédé particulièrement complexe qui a toujours nécessité un développement dans un laboratoire spécialisé. Dans les versions ultérieures, ce sera toujours le système qui donnera le meilleur résultat, car il permet l'utilisation des colorants les plus appropriés.

Agfacolor Neu (1936)

Presque simultanément, les allemands développent le système Agfacolor Neu lancé en 1936, avec comme avantage que les colorants correspondants sont déjà présents dans les couches. Il existait déjà un système Agfacolor, mais il utilisait un système de filtres colorés (synthèse additive). L'apport des scientifiques allemands était une manière de fixer les colorants dans leurs couches respectives.

Lors du développement, les colorants deviennent visibles sous l'action des produits chimiques libérés pendant le développement. Plus l'image est exposée à cet endroit et pour cette couleur, plus il y a de produits chimiques libérés lors du développement, et plus les colorants deviennent visibles. Les trois images monochromes (à base d'argent) sont ensuite éliminées lors du blanchiment.

Le système nécessite l'utilisation de colorants très spécifiques (qui deviennent visibles lors du développement). Ces colorants ont un rendu des couleurs moins bons que le système Kodachrome, de plus les colorants ne sont pas aussi stables. Les colorants (activés ou non) sont toujours présents dans l'émulsion et les colorants non-activés peuvent devenir visible à la longue tandis que les colorants activés peuvent devenir plus fades. L'image disparait à la longue, car il n'y a plus d'image argentique.

Agfa utilisera plus tard les noms de Agfacolor pour le film négatif (pour tirer des photos sur papier) et Agfachrome pour le film positif (diapositives). Agfa fusionera avec Gevaert pour former l'entreprise Agfa-Gevaert en 1964.

Le système Agfa sera repris après la seconde guerre mondiale par Kodak sous le nom de Ektachrome (diapositif) et Kodacolor (négatif).

Après la seconde guerre mondiale Fujifilm se lance également dans la fabrications d'émulsions couleurs (avec un rendu des couleurs un peu plus froid et verdâtre), mais le développement peut se faire avec les mêmes produits que pour le développement Agfacolor/Kodacolor (C-41).

A droite: film moderne, nous avons successivement:

A première vue le film positif n'est pas différent du film négatif, sauf que les pigments utilisés sont différents. Il sont adaptés à la sensibilité de nos yeux (films positifs "chrome") ou à la sensibilité du papier pour faire les tirages (film négatif "color").

Plus d'informations sur le

(développement chromogène moderne)


(*): croller: s'enrouler sur lui-même, faire des boucles

Historique du développement couleur


Le film Agfacolor Neu original


Un film négatif avec plusieurs couches de sensibilité différente

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