La grandeur des cristaux détermine la sensibilité du film: plus les cristaux sont grands, et plus le film sera sensible (et plus les cristaux se verront à l'agrandissement: on dit que le film a un grain important). En 1 nous avons un film peu sensible à la lumière, en 2 un film sensible.
Pour avoir un film qui soit à la fois très sensible et présentant un grain fin, on utilise des cristaux longitudinaux placés perpendiculairement sur le support. Les cristaux ont la forme de grains de riz placés debout sur le support: le volume est important, mais la surface de chaque cristal est limitée.
Le film monochrome (noir et blanc) est facile à développer et les tirages (épreuves sur papier) se font de la même manière.
Tous les films sont composés de plusieurs couches de sensibilité différente, ceci permet d'augmenter la latitude de pose au détriment du contraste. Le contraste est relevé lors du tirage.
On peut développer les films couleurs avec la chimie monochrome. En effet les émulsions couleur contiennent également des sels d'argent sensibles à la lumière. Le développement produira une image monochrome sans apparition des colorants.
Pour qu'une réaction ait lieu, il faut que plusieurs photons touchent presque simultanément la molécule d'halogénure d'argent. Cela explique le défaut de réciprocité (effet Schwarzschild) qui est d'application lors de temps de pose importants (lors de la photographie d'astres célestes): le film est devenu moins sensible. Quand il y a peu de lumière (le temps de pose doit donc être plus long) les chances que deux photons frappent simultanément une molécule sont beaucoups plus faibles.
Les observatoires disposent d'un laboratoire permettant de traiter l'émulsion avant son exposition (hypersensibilisation) pour éliminer le défaut de réciprocité. Ce traitement doit être effectué juste avant l'exposition. Il existe des traitements chimiques (pour réduire l'effet Schwarzschild) et des traitements physiques (pré-exposition à une lumière atténuée) pour réduire le "coude" de la courbe.
Image latente (voir ci-dessous): certains cristaux contiennent une molécule d'argent métallique, d'autres pas. Ces molécules ne sont pas visibles (évidemment! Pour les voir, il faut de la lumière, et la lumière voilerait le film!)
Le film exposé doit être traité rapidement, car les points métalliques ne sont pas très stables (l'image régresse au fil du temps). Cela est encore plus valable pour les films couleur.
Certains photographes effectuent un mouillage d'une minute à l'eau distillée avant le développement. Cela permet un développement plus consistant et régulier puisque toute la surface sensible est disponible dès le début de l'immersion dans le révélateur. Un autre avantage du mouillage est que moins de réactif ne se perd. En effet, la gélatine normalement sèche va absorber une partie de l'eau du bain et gonfler.
Tous les bains, du mouillage au rincage, doivent avoir la même température, déterminée par le bain de révélateur. Ceci pour éviter le décollement de l'émulsion à cause du choc thermique. La température des derniers bains est moins importante.
On peut utiliser un bain préalable (recommandé) soit mélanger le produit au révélateur, s'ils sont compatibles. La phase de désensibilisation en bain préalable demande de 2 à 5 minutes.
C'est la phase la plus importante du développement: si elle ne dure pas assez longtemps, tous les sels d'argent d'un cristal n'auront pas été réduits et l'image sera à peine visible, si le bain dure trop longtemps, des cristaux non-exposés risquent également d'être réduits et il se formera un voile. La température du bain et son agitation est primordiale.
En fait, le révélateur agit sur tous les cristaux, mais les cristaux exposés ont une "longueur d'avance" et seront développés plus rapidement. Si le bain dure trop longtemp, le film se voilera et puis noircira.
Le film qui a été exposé incorrectement (appareil photo réglé sur 400ISO alors que le film a une sensibilité de 100ISO) peut être corrigé pendant la phase de révélation (push processing dans ce cas). Ce n'est évidemment pas possible dans une centrale classique où tous les films sont traités à la chaine, mais un laboratoire professionnel peut effectuer de telles corrections. Le push processing augmente le grain et s'il est mal maitrisé peut provoquer un voilage.
Même l'agitation modifie les paramètres du film: agité modérément, les contrastes seront doux mais bien détaillés (effet compensateur), agité fortement l'image sera plus contrastée: la réduction de l'argent laisse localement du bromure (acide) qui va diminuer l'effet du révélateur et réduire localement le contraste.
La révélation étant primordiale, on travaille souvent “à bain perdu” (la solution est utilisée pour une seule série de films traités simultanément). On a ainsi chaque fois du révélateur neuf.
La révélation détermine grandement le résultat final: le choix d'un révélateur ainsi que la procédure (concentration, durée, température) est déterminante. Il existe de nombreux types de révélateurs. Il s'agit souvent de combinaisons de produits qui améliorent le développement. Certains composants vont par exemple légèrement dissoudre les cristaux de sels d'argent, permettant une action en profondeur du révélateur (révélateurs solvants), tandis que d'autres combinaisons privilégient la netteté et produisent une image plus dure. Les composants du révélateur sont décrits ici.
Le développateur est important en photographie. Du film normal peut être traité sans révélation (avec uniquement un bain de fixage), mais alors il faut sur-exposer d'environ 25 stops, soit un temps de pose de deux jours environ. L'image apparait en négatif pendant l'exposition. Sans révélateur, pas de photographie argentique, donc! La réalisation d'une photo sans développateur est appellé "printing out" (par opposition à "developping out"). Le film couleur apparait en monochrome, puisque les coupleurs couleurs qui sont activés par les produits du développement n'ont pas l'occasion d'apparaitre.
Le bain de révélateur est suivi d'un bain d'arrêt pour stopper la réaction et éviter le voilage du film. Il s'agit d'un acide léger pour les révélateurs qui fonctionnent en milieu basique. Lors du chronométrage, le temps de développement continue jusqu'au bain d'arrêt. Le film est toujours sensible, car les molécules d'halogénure d'argent sont toujours présentes.
Le bain d'arrêt est bon marché et non-critique (acide léger): on peut réutiliser la solution ou travailler à bain perdu. On controle l'acidité du bain avec un papier tournesol.
Dans les machines industrielles, le temps de fixage est trop court pour éliminer tous les sels non développés (de plus les produits libérés rendraient la solution moins active). Les sels d'argent sont principalement éliminés lors du lavage, qui se fait idéalement via plusieurs bains, permettant de mieux évacuer les composants solubles de l'émulsion.
Après cette phase, il ne reste plus que l'argent métallique (noir) sur la pellicule. Le film n'est maintenant plus sensible à la lumière car il ne contient plus de sels d'argent.
Le bain de fixation est souvent utilisé plusieurs fois de suite, mais il perd de son efficacité à chaque utilisation. Dans les centrales de développement l'appareil ajoute régulièrement de la solution concentrée, mais pour les développements domestiques on détermine le temps de fixation idéal avec la bande-amorce du film (la fin du film qui est resté dans la cartouche et n'a pas été impressionné). On plonge l'amorce dans un bain identique. Le temps de fixation est correct quand l'amorce devient totalement transparente: tous les sels d'argent sont partis dans la solution.
La phase finale est un lavage pour éliminer toute trace de réactif (qui pourrait attaquer l'argent à la longue). La gélatine étant peu perméable, un simple rincage de quelques secondes ne suffit pas: il faut agiter le bain pour que les derniers réactifs sortent de l'émulsion (cela est d'ailleurs valable pour toutes les phase du développement). La présence de réactifs dans l'émulsion va attaquer l'argent à la longue, faisant disparaitre l'image. On recommande plusieurs rincages à la suite. On ajoute souvent un agent mouillant au dernier rincage pour éviter l'apparition de trainées calcaires lors du séchage.
Et c'est ainsi que nous obtenons notre négatif qui est devenu noir (argent métallique) aux exdroits exposés. Un film a gros cristaux (plus sensible) produit une image plus foncée pour une exposition identique.
Le tirage sur papier est décrit sur une page séparée.