Photographie » Technique » Historique » Film » Les débuts de l'imprimerie

Un procédé d'imprimerie permet de reproduire un document à de nombreux exemplaires. Nous nous interessons ici principalement aux procédés qui peuvent reproduire des images.

Illustrations:
1 + 2: Gravures sur bois (taille d'épargne)
3 + 4: Gravure sur cuivre (taille douce)

Formes imprimantes

Les premiers procédés d'impression sont totalement mécaniques: on réalise une forme imprimante comme la taille d'épargne ou la taille douce. La taille douce et l'eau-forte permettent de réaliser des illustrations qui se rapprochent très fort d'un réalisme photographique.

La gravure sur bois est une forme de taille d'épargne où les parties imprimantes ont un relief positif. Toutes les formes de taille d'épargne (et même les procédés plus modernes) utilisent une encre visqueuse qui ne peut pas pénétrer dans les creux. Au lieu d'utiliser du bois on peut également utiliser d'autres matières (pierre).

On utilise un bloc pour imprimer une page (ou une partie de page). Il faut donc autant de formes imprimantes que de pages à imprimer. Avec la typographie apparaissent les lettres mobiles qui peuvent être récupérées après l'impression de la page. Un nombre limité de symboles suffit pour réaliser une page: ces symboles sont coulés dans du plomb. S'il faut inclure une illustration sur la page, on ajoute une gravure en taille d'épargne.

Malgré l'utilisation de lettres mobiles, la typographie est lente et les journaux de l'époque n'ont qu'une seule page de "nouvelles". Cela va s'améliorer avec l'apparition de machines qui peuvent couler des textes à la demande comme la linotype et l'intertype.

La taille d'épargne et en particulier la gravure sur bois ne permettent pas de reproduire des fins détails et des demi-tons (voir deux premiers exemples à droite). La gravure en creux (taille douce) permet de reproduire des détails, d'ajouter des hachures qui produisent des demi-tons,... Les deux exemples suivants sont en gravure sur cuivre. On utilise généralement une plaque en cuivre qui est gravée avec des instrument appropriés. On utilise de l'encre très fluide qui pénètre bien dans les tailles (creux), qui peut facilement être raclée de la surface et qui pénètre bien dans le papier. Parfois on laisse de fines trainées d'encre sue le métal pour ne pas avoir un papier tout blanc aux endroits non-imprimés.

Il n'est donc plus possible de produire en une fois un texte en typographie et une illustration en taille douce. La gravure devient une œuvre à part qui est vendue individuellement ou qui est inclue dans un livre.

L'eau-forte est une technique qui est apparue plus tard et utilise (en gros) deux systèmes. Dans le premier procédé on utilise une pointe trempée dans l'acide (eau-forte) qui attaque la plaque et produit une image en creux. L'effet est similaire à la plume. Le second procédé est la gravure à la pointe sèche où on grave dans un vernis plus ou moins mou appliqué sur une plaque en cuivre ou en zinc, l'effet se rapproche du crayonné. Les deux procédés peuvent être utilisés l'un après l'autre pour créer des effets différents. Il est même possible de traiter la plaque au burin (comme une taille douce).

Lors de l'attaque de la plaque de cuivre avec des sels (chlorure de fer) on obtient un creux en profondeur, tandis que l'attaque à l'acide produit des bords moins nets. Plusieurs procédés sont possibles pour obtenir des demi-tons et les gravures peuvent reproduire des scènes de façon très réalistes.

S'il faut un tirage important, la plaque de cuivre peut être recouverte d'une fine couche de nickel (ce qui élimine les détails les plus fins). La pression élevée qui est nécessaire dans les presses limite le nombre de copies à une centaine environ quand on ne recouvre pas la plaque de cuivre.

Impression à plat

La lithographie ne travaille plus avec un relief, mais utilise l'antagonisme entre l'eau et l'encre grasse. La technique est plus simple et plus rapide à réaliser que les procédés précédents. La lithographie était à l'origine surtout utilisée pour copier des partitions qui pouvaient ainsi être reproduites plus facilement qu'avec les autres procédés.

On utilise une pierre calcaire qui a une structure très fine. On dessine à l'encre grasse les parties imprimantes. Le dessin est fixé à la gomme arabique qui a comme effet supplémentaire d'attaquer légèrement les parties non recouvertes d'encre.

La pierre est nettoyée et mouillée avant la phase d'impression. La pierre absorbe l'eau aux parties qui n'ont pas reçu le dessin. Quand la pierre est ensuite encrée, l'encre ne se met qu'aux endroits non-humides, donc aux endroits où on a dessiné. Il faut régulièrement retoucher le dessin (au bout d'une centaine d'impressions).

On a remplacé la pierre par une plaque de zinc ou d'aluminium traité, mais le procédé reste le même. Le transfert de l'encre est devenu indirect, via un blanchet qui va transmettre l'encre de la forme au papier: cela permet de grandement augmenter le nombre de copies (impression offset).

Les plaques modernes sont sensibilisées à la lumière et le texte à imprimer est transféré via un film photographique transparant, mais actuellement on expose directement la plaque via un rayon laser, un procédé d'exposition similaire à l'impression laser (computer to plate).

Impression photographique

Jusqu'à présent les illustration nécessitent un artiste qui grave la plaque. Ne serait-il pas possible d'utiliser la lumière pour graver directement la plaque?

Le chemin à parcourir est long: au début, on ajoutait simplement des photos aux livres. Le talbotype permet de réaliser des photos en positif à partir d'un négatif sur papier (copie par contact). Le procédé est très lent car chaque photo doit être exposée et développée indépendamment.

Le procédé est mécanisé avec des machines qui exposent automatiquement du papier cartonné photo-sensible et le développent (rouleaux de 1000m). Après développement, fixage et séchage, le papier est imprimé au verso en typographie: ce sont les premières cartes postales. Mais il s'agit d'un procédé onereux car chaque carte doit être sensibilisée, exposée et développée.

La gomme bichromatée est également un procédé chimique où on utilise la propriété qu'a la gomme de devenir insoluble si elle est exposée à la lumière. On utilise une gomme colorée (ou noire) qui est dissolue aux endroits non-exposés (développement négatif). La couche de gélatine colorée est ensuite reprise sur le papier et la procédure peut être répétée pour plusieurs couleurs. Tout comme le talbotype, c'est une procédure chimique lente et complexe, mais elle permet l'impression en couleur.

La phototypie (collotype en anglais) est enfin un vrai procédé d'impression qui permet de faire plus de 500 copies. On étend une couche de gélatine sur la plaque. la plaque est rendue sensible à la lumière par une solution de bichromate. La plaque est sèchée à une température controlée de 50°. Il se produit une réticulation, la formation de petites crevasses. En effet lors du séchage il se forme une peau à la surface de la gélatine. L'humidité présente veut s'échapper et perforent la peau.

On copie maintenant l'original sur la surface de gélatine (copie de contact). La gélatine exposée n'absorbe plus l'eau. La solution bichromatée est maintenant lavée. Avant l'impression, on mouille la gélatine avec une solution de glicérine (pour améliorer la rétention de l'eau). L'impression est similaire à la lithographie où l'encre ne se dépose que dans les endroits qui n'ont pas absorbés l'eau.

La phototypie est l'équivalent photographique de la lithographie. Grâce aux petites crevasses il est possible d'obtenir des demi-tons sans avoir a utiliser une trame. Ce procédé est utilisé quand il faut une reproduction aussi détaillée que possible. Une plaque permet de faire de 500 à 2000 copies.

L'héliogravure utilise une plaque photo-sensible où les parties non-exposées sont dissoutes (les bases chimiques restent toujours les mêmes). La plaque est attaquée à l'acide et il se forme des creux là où la plaque n'a pas été exposée. Il n'est pas possible de réaliser directement des demi-tons et s'il faut imprimer une image, il faut d'abord la tramer.

La réalisation d'une trame était appellée à l'origine autotypie, on utilise maintenant le terme similigravure (simili). Contrairement à l'offset, la tonalité n'est pas déterminée par la grandeur des points, mais par leur profondeur: avec l'héliogravure il est possible d'utiliser une trame plus fine.

On utilise une encre très liquide transparante qui permet de doser et de mélanger les couleurs. C'est le procédé qui donne le meilleur rendu photographique et peut également être utilisé pour des tirages très importants.

Procédés modernes

Les plaques à imprimer sont exposées directement via un système comparable à l'impression laser (computer to plate) et on ne passe plus par un film photographique. Les textes, illustrations et images tramées sont ajoutées directement à partir de l'ordinateur (PAO: publication assistée par ordinateur).

Tous les grands procédés permettent la réalisation d'une trame, mais certains procédés ne permettent qu'une trame grossière (impression en relief et sérigraphie).

Les débuts de l'imprimerie

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