Tout comme le développement argentique, le développement RAW permet de faire apparaitre l'image définitive à partir des données brutes du capteur. Le développement d'une image brute permet de faire apparaitre des détails dans les ombres et les hautes lumières, détails qui auraient pu se perdre si l'appareil photo aurait produit l'image finale.
La différence avec le développement argentique, c'est qu'on travaille avec un filet de sécurité: l'image d'origine est toujours disponible, tandis que l'image latente argentique est révélée (plus ou moins correctement) lors du développement.
Mais il est des cas où le format RAW est nécessaire: par exemple une photo de l'intérieur avec vue à travers une fenètre, une photo par soleil couchant (l'appareil photo peine à reproduire correctement la teinte de la peau), des batiments qui sont à moitié au soleil et à l'ombre,...
Il est dommage que le mode HDR qui tente de comprimer 3 photos successives (mais exposées différemment) produise une image JPEG (qui est limitée à 8 bits), alors que l'image aurait pû être enregistrée sans compression de la dynamique au format RAW ou TIFF 16 bits. C'est pour cela que le mode HDR dont disposent certains appareils photo n'est pas plus qu'un gadget.
Les deux réglages ci-dessus déterminent en fait la partie "sombre" de la fonction de transfert (courbe en S) qui est automatiquement utilisée par l'appareil photo quand il produit une image au format JPEG.
La correction des hautes lumières est encore plus complexe, car il y a des réglages pour récolter de l'information dans les zones cramées en utilisant l'information disponible dans d'autres canaux.
Il est possible de modifier le contraste d'une image, mais également le contraste local, avec 4 niveaux de grandeur de zone, permettant de corriger le contraste général, le contraste local, mais également le microcontraste. Je vous le disais, chaque paramètre dispose d'une foule d'options. Je suis sûr que vous allez régler quelques valeurs pour voir ce que cela fait sur l'image, pour ensuite ne plus y toucher. De toute façon, certaines procédures ne se voient que si l'image est visible au format 1:1.
Même la saturation beneficie d'un sous-réglage, la "vibrance" qui permet d'accentuer la couleur dans les parties faiblement colorées sans risquer que les couleurs déjà intenses ne soient totalement saturées.
L'application travaille en real 32 bits (floating point ou virgule flottante) pour permettre le dépassement de capacité momentané, alors que la plupart des autres applications travaillent en 16 bits linéaires (ou même en 8 bits). L'application extrait l'image miniature du fichier RAW pour montrer les miniatures des fichiers, mais n'effectue le traitement sur le fichier qu'au moment d'écrire le fichier JPEG de sortie.
Si vous ne savez pas où commencer, la fonction "auto levels" permet de normaliser l'image (une photo sous-exposée avec un trou dans l'histogramme du coté des hautes lumières sera corrigée automatiquement). Grace au traitement en valeur à virgule flottante cette normalisation ne produit pas de banding ou effet de bande, même si les intensités d'origine sont limitées à une petite gamme de valeurs.
Après cela, il faut parfois un peu corriger individuellement les tonalités (rouge/vert/bleu), la normalisation pouvant faire apparaitre une dominante. Au lieu de corriger les niveaux RVB, on peut également jouer sur la balance des blancs, qui permet un réglage différent (plus de bleu ou plus de jaune, plus de vert ou plus de rouge,...). Mais la normalisation façon RawTherapee fonctionne mieux que la même fonction de Photoshop, et pas seulement parce que l'application a accès aux données brutes du capteur.
L'application permet même de paramétrer le détramage de l'image: certains appareils ont une mosaique de Bayer dont les deux pavés verts n'ont pas la même teinte (le Sony DSC-F828 est l'exemple le plus connu), mais d'autres marques utilisent également deux niveaux de filtrage différents pour augmenter la dynamique de l'image. En effet si le photosite avec filtre vert clair est saturé (image sur-exposée), le photosite avec filtre vert foncé produira un signal valable. Et l'effet inverse se produit évidemment avec une image sous-exposée, ou le photosite avec filtre vert clair produit un signal adéquat. Le signal des photosites verts sert à produire l'image monochrome détaillée (à hauteur de 60% environ), c'est pour cela que le nombre de photosites verts est double.
L'application sait faire pratiquement tout, mais traite toute l'image en une fois, ce qui correspond à un développement d'une image argentique. S'il faut retoucher une partie de l'image, il faut passer à Photoshop (je stocke les images au format TIFF 16 bits pour les lire dans Photoshop). Souvent je retouche le visage différemment du reste de l'image. Le format TIFF comprime les images, mais sans pertes (comme une compression ZIP) et permet de stocker un fichier avec des canaux de 16 bits (JPEG n'a que 8 bits par canal et comprime avec (un peu de) pertes).
Si cela peut vous faire plaisir: darktable est un peu moins compliqué que rawTherapee,... Vous avec donc décidé de travailler avec darktable et justement il vous faut une fonction qui n'est disponible qu'avec rawTherapee... L'horreur, quoi!
Dans les deux applications, le traitement s'effectue sur une copie de l'image pour que les applications restent rapides. Seule la partie visible est retouchée et uniquement si le traitement donne un résultat visible au format affiché (certaines opérations ne sont visibles qu'à l'échelle 1:1). Quand on stocke l'image, les opérations sont effectuées avec la plus haute précision possible (même sur un ordinateur puissant c'est pas très rapide...) et puis l'image est convertie au format JPEG et stockée. Le résultat du traitement est souvent meilleur que ce qu'on voit à l'écran en cours de traitement: le traitement à l'écran est adapté pour être rapide, pas pour être précis.
Ces opérations peuvent être groupées et effectuées à la fin, quand toutes les images ont été retouchées (c'est vraiment TRES recommandé). Les opérations à effectuer sur une image sont stockées dans un fichier temporaire associé à l'image RAW. Il est donc possible de traiter quelques images, de stopper l'application, de traiter d'autres images et d'effectuer la conversion le lendemain: l'image d'origine est toujours présente et la conversion est basée sur un fichier qui reprend les opérations à effectuer.
Les possibilités de DPP sont vraiment limitées en comparaison des deux applications citées ci-dessus. Elle permet de récupérer des informations dans les hautes lumières ou les ombres avant la transformation en JPEG, elle permet également de faire une correction de la balance des blancs, mais ne permet pas de jouer avec la courbe tonale comme le permettent les deux autres logiciels (qui sont totalement gratuits, je vous le signale).
Le seul avantage de DPP (mais qu'il a en commun avec toutes les autres applications de développement de fichiers raw), c'est que vous disposez toujours au final de votre négatif avec toutes les nuances.
RawTherapee
DarkTable
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