Photographie » Technique » Physique » Similigravure

Le tramage des photos de journaux était une nécessité technique: il n'est pas possible d'obtenir un dégradé: c'est du tout-ou-rien. A la base, le tramage des photos (similigravure) était une opération photographique où on utilise un agrandisseur comme pour tirer une photo normale.

Les parties floues d'une image ne sont pas "floues" mais ont la forme du diaphragme. Cela se remarque quand il y a des sources de lumières lointaines sur une photo: elles apparaissent rondes, plus ou moins aplaties ou ayant une forme octogonale ou autre. Cet effet est décrit plus en détail sur la page du bokeh.

Une des applications assez surprenantes de cet effet, c'est le tramage des photos de journaux (ne venez pas me dire que vous n'apprenez rien sur ce site....). L'impression d'un journal doit se faire en tout-ou-rien: le cylindre qui contient le textes et les images à imprimer se compose minuscules cuvettes pouvant contenir de l'encre. Soit il y a un creux, soit il n'y en a pas. S'il y a un creux, il y a de l'encre, dans le cas contraire le papier reste vierge.

Pour transformer une image en trame pouvant être imprimée on utilise un agrandisseur qui va projeter l'image au format demandé. Mais cet agrandisseur contient un diaphragme carré. Cela n'a aucun effet sur notre image, qui est projetée à sa netteté maximale sur la plaque sensible (c'est la courbe vert clair sur le graphique).

Mais en plus, on place entre l'agrandisseur et la plaque sensible une trame (généralement un film transparant contenant le grillage). Ce grillage va apparaitre sur notre plaque sensible en plus de l'image de l'agrandisseur, mais il va apparaitre flou (et carré), puisqu'il ne se trouve pas dans le plan focal correct. En fait, il s'agit d'une modulation d'amplitude (un peu comme en radio), le signal à moduler étant l'image, tandis que la "porteuse" haute fréquence est la trame. Le résultat est l'ondulation qui monte et qui descent.

La plaque sensible est du papier lithographique qui donne un contraste extrème: il n'y a plus que du noir et du blanc, les tons intermédiaires ont tous disparus. Selon l'intensité de l'image d'origine, les carrés de la trame seront plus grands ou plus petits (sur notre graphique: les traits bleu foncés plus ou moins longs). On utilise une forme carrée, qui sembre produire les meilleurs effets en impression.

Pour la couleur, on utilise 4 trames (les couleurs subtractives cyan, magenta, jaune et noir): c'est la quadrichromie. Les trames sont inclinées de telle manière que la visibilité de la trame est réduite. Il existe aussi un système à 6 couleurs (hexachrome) très peu utilisé.

Le terme anglais qu'on rencontre souvent est halftone. La trame est appellée halftone screen.

Maintenant évidemment, la trame se fait par ordinateur et la magie des rotatives se perd un peu... C'était mon premier job de vacances: plier et mettre en boites des dépliants publicitaires.

Points Benday

Un procédé totalement différent sont les points Benday (du nom de l'inventeur Benjamin Henry Day). Il s'agit d'un procédé utilisé par les illustrateurs et dessinateurs. Le tramage est effectué de façon mécanique: la taille et l'espacement des points est fixe. L'illustrateur découpe des feuillets avec des points pour remplir les espaces qui doivent avoir une certaine teinte. Les feuillets sont vendus avec des espacements différents pour obtenir différentes gradations. La teinte de la peau est par exemple obtenue avec des points magenta, qui "dilués" forment du rose.

Les points Benday ont été utilisés dans les comics américains (bandes dessinées bon marché). C'était le seul système qui pouvait être utilisé avec du papier bon marché et des machines rudimentaires. Le nombre de couleurs disponibles était très limité. Comparez par exemple un comic américain au format paperback (couverture cartonnée) à une bande dessinée belge en vraie polychromie (et en album relié)...

Cette technique qui était utilisée à l'origine parce qu'elle était la plus simple à mettre en œuvre a été reprise par des illustrateurs modernes pour créer des publicités de style pop-art (voir exemple à droite). Le retour aux Golden Sixties...

Petit supplément:
détramage de photos de journal

Les scanners très haut de gamme utilisent un lissage numérique pour réduire la trame: l'image est scannée à une résolution bien plus élevée que nécessaire (pour que les points soient bien enregistrés), puis le logiciel produit un ton gris se basant sur la surface de chaque point. Chaque point produit exactement un pixel dont la valeur dépend de la surface du point. La taille du fichier est donc limitée, mais contient le maximum d'information qu'il est possible de retirer de l'image tramée.

Le lissage optique (en utilisant une résolution moindre) ne produit pas d'aussi bons résultats qu'un traitement numérique adapté.

La procédure est reprise pour chaque couleur, mais les scanners utilisent le modèle additif (couleurs rouge-vert-bleu) au lieu du modèle soustractif utilisé lors de l'impression (noir-jaune-magenta-cyan), ce qui réduit la qualité de la correction.

Si vous utilisez un scanner "normal" (c'est toujours le cas s'il s'agit d'un combiné avec imprimante), utilisez la résolution la plus élevée et effectuez un lissage en post-production. Ces scanners n'effectuent aucune moyenne quand ils travaillent en résolution moindre, voyez: quelle résolution utiliser pour scanner un document.

Similigravure


Yeux de chat et
effet de tourbillon optique


Benday dots

Pages qui selon Google pourraient vous interesser

-